dimanche 30 décembre 2007

matinées confuses

Pourquoi viens-tu chaque nuit envahir mes rêves, toi que je connais à peine ? Pourquoi m'entraînes-tu toujours dans de sombres lieux - cette cabane à moitié abandonnée où apparaîssent des créatures cruelles aux intentions sanglantes, et encore ce marais d'eau presque claire, mais parsemé de pièges sadiques - endroits où pourtant, je me sens à mon aise ? Comment parviens-tu à chasser mes peurs et mes démons dans ces situations, toutes pires les unes que les autres, et cela juste par un sourire ? Et ton regard si rassurant, pourquoi sème-t-il un tel trouble en moi ?

vendredi 28 décembre 2007

j'aime...

Pardon pour cette fille
Que l'on a fait pleurer
Pardon pour ce regard
Que l'on quitte en riant
Pardon pour ce visage
Qu'une larme a changé
Pardon pour ces maisons
Où quelqu'un nous attend
Et puis pour tous ces mots
Que l'on dit mots d'amour
Et que nous employons
En guise de monnaie
Pour tous les serments
Qui meurent au petit jour
Pardon pour les jamais
Pardon pour les toujours
Pardon pour les hameaux
Qui ne chantent jamais
Pardon pour les villages
Que l'on a oubliés
Et pardon pour les cités
Où nul ne se connaît
Pardon pour les pays
Faits de sous-officiers
Pardon d'être de ceux
Qui se foutent de tout
Et de ne pas avoir
Chaque jour essayé
Et puis pardon encore
Et puis pardon surtout
De ne jamais savoir
Qui doit nous pardonner

[Jacques Brel - Pardons]

douleur

Sur une lointaine et toute petite planète vit un tout petit dictateur très cruel. Ce petit homme ayant fuit la terre de peur qu'elle ne finisse par être détruite, il voulut tout d'abord explorer cette nouvelle planète, puis, heureux de constater qu'elle était déserte, il décida de profiter de se calme pour se reposer jusqu'à ce que sa vie s'éteigne. Il occupait ses journées comme il l'entendait, rayant le sol lisse avec ce qui s'apparentait à un caillou, établissant des monticules de choses diverses sur le sol mou... Un certain nombre de mois s'écoulèrent sans qu'il ne s'en rendit vraiment compte.
Mais un jour il sa lassa de sa vie, qu'il jugeait bien trop paisible comparée à celle qu'il menait sur terre. Et c'est ainsi qu'il alla chercher une peuplade jaune terrifiée sur une autre petite planète pour y exercer un pouvoir absolu ; il devint donc ce tout petit dictateur... Un des nouveaux habitants de la toute petite planète se distinguait par sa couleur rouge, c'était le plus petit mais le plus intelligent. Un soir, rejoint par l'insomnie, il sentit une rage féroce le submerger, il n'en pouvait plus de ce tout petit dictateur qui réglait leurs vies à tous, qui profitait de leurs efforts et ne se souciait jamais de leur bien-être, sa colère était telle qu'il en voulut à ses semblables de se laisser faire sans protester, il avait envie de tout détruire autour de lui, il en vint même à blâmer ce qui fait office de soleil pour cette planète : la lune.
Oui, elle là, tout loin dans le ciel, elle qui n'a rien d'autre à faire que se montrer quelques heures d'un côté, quelques heures de l'autre côté, pour dire aux gens de se coucher, elle qui finalement ne fait que tourner en rond, pour la satisfaction générale, alors que nous si on tourne en rond, on se retrouve mis à l'écart, raillé, montré du doigt, expulsé de la course, comment elle a fait pour trouver un travail comme ça ? Et si un jour elle dévie ou commet je ne sais quelle erreur, si un jour elle en a assez et décide de partir, tout le monde la regrettera, mais qui pourra le lui reprocher ? Elle n'a que faire des critiques ou des menaces...

gelation

Lolita nie en bloc elle navigue au loin sous les cils à cent lieues de se douter que les silences et la jalousie la guettent elle oublie la liste et l'allonge encore elle veut s'isoler et alors elle s'absorbe dans la contemplation de ses pieds.
Un ange passe.
Un ange passe.
Et puis son doigt décrit dans l'air des étoiles ou bien des éclairs elle ignore si superbement les sentiments les aléas de l'amour elle s'avance vers la fenêtre lascive et elle couvre le ciel de mille signes étranges et inconnus de tous.
Un ange passe.
Un ange passe.
Désolé Lola je n'ai pas su déchiffrer le sens secret de tes gestes lents aérés simulacres ou magie futile à moins que le vide et l'ennui ne s'emparent de toi Lolita et si cette bulle pleine de rien voulait se crever enfin.
Un ange passe.
Un ange passe.

[Noir Désir - Lolita nie en bloc]

prendre le temps

marcher sur l'eau.
comme en suspension au-dessus d'une réalité effacée.
arrêter l'évasion des secondes,
prendre le temps de se retrouver là ;
être soi, à un instant précis, dans un lieu quelconque.
quitter sa parure noire de deuil,
décorée de soucis et de rancoeur.
s'oublier un moment,
et embrasser le monde entier...

la mort est grande par la vie qu'elle fait surgir

Le soleil dépliait lentement ses rayons et les hasardait avec précaution dans des endroits qu'il ne pouvait atteindre directement, les recourbant à angles arrondis et onctueux, mais se heurtait à des choses très noires et les retirait vite, d'un mouvement nerveux et précis de poulpe doré.

[Boris Vian - L'écume des jours]

chaque geste peut déplacer une étoile

Il ne sait même pas ce que c'est, une fée ! Il croit que c'est une grosse gourdasse à baguette qui transforme les citrouilles en carrosses dans les vieux contes ringards ! Mais elles sont partout, les fées ! Elles sont dans la vie, autour de nous, seulement on ne les voit pas, alors on décide qu'elles sont bidon, et du coup, elles se mettent à douter, elles aussi, elles ne croient plus en elles ; à force d'entendre qu'elles n'existent pas, ça déteint, elles ne se rappellent plus qu'elles sont magiques et elles ont peur de vieillir et elles veulent disparaître avant qu'on s'en apperçoive et tout foutre en l'air autour d'elles pour avoir moins de regrets.

[Didier VanCauwelaert - L'éducation d'une fée]

mardi 25 décembre 2007

j'aime pas...

...aujourd'hui j'aime les étoiles, la lune, les nuages, j'aime regarder le ciel pendant des heures, j'aime qu'il apparaîsse quand j'ouvre les yeux dans la nuit, pour chasser un cauchemar, j'aime pouvoir le contempler dès mon réveil, j'aime qu'il m'appelle et me dise que je ne serai jamais captive... j'aime regarder des enfants aux éclats de rire cristallins, qui courent dans les rues étroites d'un village vieillissant, et transmettent leur émerveillement à des touristes égarés et leur arrachent un timide sourire au passage... j'aime découvrir des choses que je ne connais pas, j'aime m'étonner d'une image, d'une couleur, d'un lieu, ou du résultat de quelconque série de petits riens que le hasard aura réuni pour faire un tout... un échange de regards, un sourire entendu, ou une grimace complice... j'aime aimer tout ça... aujourd'hui...

samedi 8 décembre 2007

tombées du ciel

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

[Paul Verlaine - Chanson d'automne]

traces

certaines blessures se referment et s'oublient très rapidement,
d'autres prennent leur temps pour cicatriser, et s'ouvrent à nouveau quelques fois, juste comme ça pour s'amuser à faire mal, pour vérifier si elles ont encore du pouvoir...

gouttes d'eau

des fois on a l'impression de n'être qu'une marée de larmes, un seau percé, une éponge qu'on essore, un tuyau qui fuit, un verre qu'on renverse, une rivière qui déborde, une pluie perdue au milieu de l'été, un bain qu'on oublie et qui s'étend sur le sol, un dedans qui dégouline dehors, broyé, torturé, liquéfié...

mercredi 5 décembre 2007

souriez, sourds d'hier

allez prends ma main, on va danser sur les lettres, viens marcher avec moi dans de l'encre étoilée, puis sauter sur des longues séries de phrases, et poser les empreintes de nos pieds nus comme unique ponctuation à notre histoire...
et s'il t'arrives un jour d'écrire par tes larmes, les douleurs et les peines qui hantent ton âme, je viendrais à mon tour prendre ta main, et t'amenerai écraser
joyeusement les maux de toutes les langues de la terre...

besoin de tout, envie de rien...

la vie est une contradiction ?
besoin de protection, de réconfort, besoin d'attention, de sourire, de chaleur, besoin de parler, de hurler à en faire s'endormir ma voix, besoin de frapper, de faire sortir la violence accumulée pour ne pas la retourner contre moi, besoin de pleurer dans des bras rassurants, besoin de ressentir ma propre existence ;
mais envie de silence pour entendre les battements de mon coeur, envie de solitude, de fermer les yeux,envie de disparaître de la mémoire de tous ceux sur le chemin desquels le hasard de la vie m'a placée...