samedi 31 mai 2008

interiorité

Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champs de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes - rien que moi. Et moi je suis planté au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire, c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire, s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferai toute la journée. Je serai juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça.

[J.D. Salinger - L'attrape-cœurs]

aucune chose

She should have died hereafter ;
There would have been time for such a word.
Tomorrow, and tomorrow, and tomorrow
Creeps in this petty pace from day to day
To the last syllable of recorded time ;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle !
Life's but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full sound and fury,
Signifying nothing.

[William Shakespear - Macbeth]

rebrousser chemin

- Toi, je t'aimerai toujours, dis-je.
Elle se retourne contre un mur, et elle dit seulement :
- Contente-toi de m'aimer tous les jours.
- C'est que, vois-tu, cette fois, je suis bel et bien occupé à mourir. Je sais, dit comme ça, à la première personne du singulier, c'est à n'y pas croire, et pourtant, à y bien réfléchir, c'est toujours à la première personne du singulier qu'on meurt pour de bon. Et c'est assez inacceptable, il faut bien le reconnaître.

[Daniel Pennac - La petite marchande de prose]

mourir vivant...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

[Victor Hugo - Demain, dès l'aube...]

déambulations

Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage

[Paul Eluard - A peine défigurée]

mercredi 21 mai 2008

jamais

rêverie, fabulation, illusion, désillusion, utopie, artifice, songe, cauchemar, phantasme, mirage, nostalgie, passé, oubli, effacement, extinction, prostration, mutisme, fin...
juste ces maux, pas de phrases, tout est loin, disparu...

lumière noire

Que tes souvenirs étaient tirés du vide.
Du néant.
Que la lumière, l'espoir, la vie étaient ici dans notre présent, avec nous.
J'ai tranché derrière toi avec une hache.
Je t'ai fait mal.
Mais toi, la première, en prononçant son nom, tu m'avais broyé le cœur.

[René Barjavel - La nuit des temps]

pleine de vide

le jour se lève et tu fuis
mon ciel devient sombre
la nuit m'enveloppe
sa fraîcheur me transperce
aussi amère que ton regard
ange, je te vois partir
plus belle par ton absence
que tu ne l'a été pour moi
douce comme à ta naissance
c'était hier...

mercredi 14 mai 2008

où pars-tu ?

Il est cruel d'être obligé de séjourner en un lieu où tout sur quoi tombe notre regard nous concerne et nous touche (...) mon âme était agitée, sur les choses de mon entourage je me formai mon propre jugement et je le façonnai sans aide étrangère.
Une de mes convictions était que la vérité ne peut sous aucune condition succomber sous la violence et la contrainte.

[Montaigne]

si elle...


Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste il aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?

[René Char - Allégeances]

vendredi 9 mai 2008

more than...

tu penses savoir qui tu es, qui tu seras dans 10 ans,
mais as-tu su rester fidèle à tes rêves de gosse ?
tu n'es devenu que l'ombre de ce que tu voulais être,
tu le sais ça, mais tu refuses de le voir, et le temps te rattrapera.
l'avenir tel que tu le voyais enfant, tu l'oublies peu à peu...

pour vivre heureux, vivons perchés

Far far, there's this little girl, she was praying for something to happen to her, everyday she writes words and more words, just to speak out the thoughts that keep floating inside.
And she's strong when the dreams come cos' they take her, cover her, they are all over the reality looks far now, but don't go.
How can you stay outside ? There's a beautiful mess inside
How can you stay outside ? There's a beautiful mess inside
Far far, there's this little girl, she was praying for something good to happen to her, from time to time there're colors and shapes, dazeling her eyes, tickeling her hands
They invent her a new world with oil skies and aquarel rivers, but don't you run away already, please don't go.
Far far there's this little girl, she was praying for something big to happen to her, every night she ears beautiful strange music.
It's everywhere there's nowhere to hide, but if it fades she begs
"Oh lord don't take it from me, don't take it yourselves"
I guess I'll have to give it birth, to give it birth
I guess I'll have to give it birth, to give it birth
I guess I have to, have to give it birth, there's a beautiful mess inside and it's everywhere
So shake it yourself now deep inside, deeper than you ever dared.

[Yael Naim - Far far]

mercredi 7 mai 2008

mains tenant

debout sur un pied,
je n'ai plus la tête vissée sur mes épaules,
elle est ailleurs...
je veux me coucher sur une pierre et y rester,
les mains salies par la peinture,
une cigarette en bouche,
l'écoulement de la rivière qui me berce,
toujours plein de rêves accrochés à l'âme,
mon cœur me conduit loin,
là où les larmes ne sont plus...