mercredi 23 avril 2008

ballade bancale

Je suis navré mais je me suis perdu, seul, dans ton sourire.
Les yeux mi-clos au temps suspendu, j'attends l'averse.
Un dernier verre de rhum pour une peine perdue,
Une dame de cœur, une compagnie de luxe,
Pour un rêveur alcoolique, ton as de pique.
J'ai abattu toutes mes cartes, belote et rebelote,
Las au comptoir, je t'ai attendue,
Seul, dans mon ivresse, j'ai attendu des verres,
Fait basculer des heures, là, au temps suspendu.
J'y ai tricoté des vestes, j'y ai fait valser des pestes,
Et leurs sous-entendus... bien entendu.
Etais-tu brune, blonde ou rousse, le patron s'en souvient sûrement.
Le cœur en crève, au temps suspendu, je... t'attendrai.
Je suis navré mais je me suis pendu, seul, à ton silence,
Les yeux fermés, au temps suspendu, j'attends l'averse.

[Les Hurlements d'Léo - Au temps suspendu]

mercredi 16 avril 2008

ennui

In my mind
And nailed into my heels
All the time
Killing what I feel
And

Everything I touch
All wrapped up in crinoline
All wrapped up in sugar-coated
Turns to stone

I am fused
Just in case I blow out
I am glued
Just in case I crack out
Everything I touch
Turns to stone

[Radiohead - Blow out]

mardi 15 avril 2008

dit à peau

Allongée dans l'herbe fraîche
Le casque sur les oreilles
De la musique plein la tête
Coupée du monde
Seule dans sa bulle sonore
Face à elle-même et aux vibrations galopantes
Comme en plein rêve...
Désir d'infini
Espoir de liberté
Vivre dans un univers moins sombre
Face à une porte close, trois choix
Contourner, prendre le risque de visiter l'inconnu,
Enfoncer la porte, se blesser, mais traverser quand même
Ou attendre que quelqu'un passe et ouvre...

il était une fois

I'm gonna tell you what you need to hear
And I'm a little too late
By three or four years
And it may not make much sense
Now that we are apart
But I'm going to stop pretending
That I didn't break your heart
You see I never thought enough of myself
To realize that losing me could mean
Something like the tears in your eyes
And I want to tell you I'm sorry
And it's too late to start
But I'm going to stop pretending
That i didn't break your heart
And it's Christmas eve
Years down the line
Sitting here wishing I'd treated you better
When you were mine
And I have no way of knowing where you are
But I'm going to stop pretending
That I didn't break your heart
I didn't mean to hurt you
I didn't know what I was doing
But I know what I have done

[Eels - I'm going to stop pretending that I didn't break your heart]

vendredi 11 avril 2008

fuite en avant

D'où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l'air, l'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m'éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. - Pourquoi ? - Je descends le long de l'eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m'attendait chez moi. - Pourquoi ? - Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables.

[Guy de Maupassant - Le Horla]

mercredi 9 avril 2008

tache d'encre

All I need is a little time,
To get behind this sun and cast my weight,
All I need is a peace of this mind,
Then I can celebrate.
All in all there's something to give,
All in all there's something to do,
All in all there's something to live,
With you...
All I need is a place to find,
And there I'll celebrate.
To get behind this sun and cast the weight of mine,
All I need is a little sign,
All in all there's something to give,
All in all there's something to do,
All in all there's something to live,
With you...

[Air - All I need]

debout

How does it feel like, to wake up in the sun.
How does it feel like, to shine on everybody
How does it feel like, to let forever be
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy
How does it feel like, to sail in the breeze
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy
How does it feel like, to make it happening
How does it feel like, to breathe ith everybody
How does it feel like, to let forever be
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy

[The Chemical Brothers - Let forever be]

lundi 7 avril 2008

l'infamille

dis ma bulle, tu crois qu'un jour je pourrai faire une croix sur le passé qui a rendu mon cœur muet ? tu crois qu'il faudra que quelqu'un me réapprenne à aimer ? tu le feras toi ? tu saurais m'amener dans le fossé où j'ai égaré ma sensibilité pour que je la réintègre en moi ? tu saurais rayer de mon esprit l'aigreur suscitée par les promesses non tenues et les abandons mal digérés ? tu saurais me donner des jambes plus solides pour progresser au-delà de tous les souvenirs saumâtres ? tant que tu me tiens par la main je suis sûre que je veux avancer, que je peux aller très loin sans défaillir... dis-moi ma bulle, te sens-tu capable de me garder auprès de toi les jours sombres et moins sombres, et me donner amour et confiance ?

jeudi 3 avril 2008

être ange

Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait de toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. Le gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.

[Albert Camus - L'étranger]