mercredi 17 décembre 2008

the memories of yesterday’s clouds

Au lendemain de ce jour sinistre, je ne peux imaginer la couleur d'une quelconque porte de sortie. Même avec toute la bonne volonté que je puisse mettre en oeuvre pour laver mon esprit des ténèbres qui l'enserrent, je ne saurai y croire encore. Je n'attends qu'une morsure de plus, et d'autres ensuite, jusqu'à ce que me parvienne la dernière, le coup de grâce, la déchirure âpre qui ira m'enterrer au plus profond des entrailles de la Terre. Et je demeurerai là, cherchant perpétuellement quelque chose que je ne connaitrai jamais ni de nom ni d'aspect.

attends la neige

Le vois-tu venir, mon amour, ce dimanche avec sa gueule moche, ce cancrelat qui tourne autour, de ce jour triste comme un son d'cloche.
Oh temps suspends mes heures de vol et couvre mon coeur de patine. Quand la déprime me racole, que ses maux de passe me chagrinent.
Entends-tu la marche funèbre de cette semaine qui crève, à cette détresse une trêve : poser ma bouche sur tes lèvres.
Caresse moi, caresse moi, j'ai le ventre gonflé de larmes, ce soir la vie me rétame, caresse moi, caresse moi.
Ne laisse pas ce jour vieillir, sans poser avant qu'il n'expire, tes mains sur moi, caresse moi.
C'est un dimanche comme tant d'autres, qui déjà me vide le coeur, une petite bête noire se vautre impunément sur mes humeurs.
J'ai la déprime à fleur de peau et l'automne dans les entrailles, pas une bière placebo ne peut soigner ce qui m'entaille, et toujours la marche funèbre de cette semaine qui crève, à cette détresse une trêve : poser ma bouche sur tes lèvres
Caresse moi, caresse moi, j'ai le ventre gonflé de larmes, ce soir la vie me rétame, caresse moi, caresse moi. Ne laisse pas ce jour vieillir, sans poser avant qu'il n'expire, tes mains sur moi, caresse moi.

[Yves Jamait - Dimanche (Caresse-moi)]

mardi 2 septembre 2008

souffle coupé

Choose Life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, choose washing machines, cars, compact disc players and electrical tin openers. Choose good health, low cholesterol, and dental insurance. Choose fixed interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisurewear and matching luggage. Choose a three-piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who the fuck you are on Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing, spirit-crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pissing your last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked up brats you spawned to replace yourselves. Choose your future. Choose life... But why would I want to do a thing like that? I chose not to choose life. I chose somethin' else. And the reasons? There are no reasons. Who needs reasons when you've got heroin?

[Irvine Welsh - Trainspotting]

oeuf de fleur à clochette

Du bonheur à l'état pur, brut, natif, volcanique, quel pied ! C'était mieux que tout, mieux que la drogue, mieux que l'héro, mieux que la dope, coke, crack, fix, joint, shit, shoot, snif, pét', ganja, marie-jeanne, cannabis, beuh, péyotl, buvard, acide, LSD, extasy. Mieux que le sexe, mieux que la fellation, soixante-neuf, partouze, masturbation, tantrisme, kama-sutra, brouette thaïlandaise. Mieux que le Nutella au beurre de cacahuète et le milk-shake banane. Mieux que toutes les trilogies de George Lucas, l'intégrale des muppets-show, la fin de 2001. Mieux que le déhanché d'Emma Peel, Marilyn, la schtroumpfette, Lara Croft, Naomi Campbell et le grain de beauté de Cindy Crawford. Mieux que la face B d'Abbey Road, les CD d'Hendrix, le nouveau p'tit pas de Neil Armstrong sur la lune. Le space-mountain, la ronde du Père-Noël, la fortune de Bill Gates, les transes du dalaï-lama, les NDE, la résurrection de Lazare, toutes les piquouzes de testostérone de Schwarzy, le collagène dans les lèvres de Pamela Anderson. Mieux que Woodstock et les rave-party les plus orgasmiques. Mieux que la défonce de Sade, Rimbaud, Morisson et Castaneda. Mieux que la liberté... Mieux que la vie...

[Yann Samuell - Jeux d'enfants]

take it easy

Angel came down from heaven yesterday
She stayed with me just long enough to rescue me
And she told me a story yesterday
About the sweet love between the moon and the deep blue sea
Then she spread her wings over me
She said she's gonna come back tomorrow
And I said "Fly on, my sweet Angel
Fly on to the sky
Fly on, my sweet Angel
Tomorrow I'm gonna be by your side

Sure enough, this woman came home to me
Silver wings silhouetted against a child's sunrise
And my Angel, she said into me
"Today is the day for you to rise
Take my hand, you're gonna be my man
You're gonna rise"
Then she took me high over younder
And I said "Fly on, my sweet Angel
Fly on to the sky
Fly on, my sweet Angel
Tomorrow I'm gonna be by your side

[Jimi Hendrix - Angel]

nouveau départ

Birds flying high, you know how I feel
Sun in the sky, you know how I feel
Breeze drifting on by you know how I feel
It's a new dawn, it's a new day
It's a new life for me
Yeah, it's a new dawn, it's a new day
It's a new life for me

[Wax Tailor - How I feel]

vendredi 22 août 2008

let everybody dream higher

One pill makes you larger
And one pill makes you small,
And the ones that mother gives you
Don't do anything at all
Go ask Alice
When she's ten feet tall.
And if you go chasing rabbits,
And you know you're going to fall,
Tell 'em a hookah-smoking caterpillar
Has given you the call
Call Alice
When she was just small.
When men on a chessboard
Get up and tell you where to go,
And you've just had some kind of mushroom
And your mind is moving low,
Go ask Alice;
I think she'll know,
When logic, and proportion
Have fallen sloppy dead,
And the White Knight is talking backwards
And the Red Queen's "off with her head"
Remember what the dormouse said:
"Feed your head. Feed your head."

[Jefferson Airplane - White Rabbit]

dimanche 3 août 2008

instantanée de velours

La première nuit, tu as su que c'était elle, qu'elle était unique et plus belle que toutes les autres... Tu as su au premier contact de sa main sur ta joue que tant que tu serais dans ses bras, rien ne pourrait jamais plus t'atteindre et te blesser...
La dernière nuit, tu ne pouvais pas savoir que c'était la dernière... Tu ne pouvais pas t'imaginer que quelques heures plus tard, ce serait la dernière fois que tu te réveillais à ses côtés... Et que chaque matin qui allait suivre, tu allais sentir ce pincement au cœur en constatant son absence...

rayon d'acajou

Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indifférence n'apprend rien : c'était un leurre, une illusion fascinante et piégée. Tu étais seul et voilà tout et tu voulais te protéger; qu'entre le monde et toi les ponts soient à jamais coupés. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot : tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomètres de façades, des parcs et des quais.

[Georges Pérec - La solitude]

dimanche 27 juillet 2008

addiction téléscopique

Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

[Paul Eluard - Je t'aime]

à l'aube de tes lèvres

Je sais où la trouver, elle sait où me voir, toujours employés à réduire les écarts, quand on l'approche enfin, aussi près qu'on aille, on ne possède rien.
Elle va où elle veut.
Du feu du bruit pour mériter le silence, au bout du compte, ça ressemble à de la chance, et comme on dit parfois, si tu tiens à toi ne fais jamais comme eux.
Elle va où elle veut.
Si tout file entre nos doigts, les jeux qui nous tiennent resteront toujours là, y'a rien à dire de plus, depuis toujours c'est une chose entendue.
Elle va où elle veut.

[Noir Désir - Elle va où elle veut]

dimanche 20 juillet 2008

spatial

accroissement d’un brouillard d’hélices imprévues
arc voltaïque impassible visse
les corridors échine des maisons
et la fumée
gradation du vent qui déchire le linge
dans un tiroir la tabatière écorces d’oranges et des ficelles
o soupape de mon âme vidée
la fiole liée au cou
les trains se taisent tout d’un coup

[Tristan Tzara - Sage danse deux]

en avance

Trois pas en arrière, jambes frissonnantes, imperceptible oscillation
Deux alternatives, abandon de soi, plongeon dans l'absence
Une vague d'acide, turpitude atomique, léthargie infinie
Zéro espoir, anéantissement de l'âme, agonie

ma fée verte

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.

[Jacques Brel - Le plat pays]

dimanche 15 juin 2008

libre amour

C'est l'hiver, il est peut-être midi, elle ne sais pas vraiment. Maintenant, plus rien n'a d'importance, elle est partie, elle marche, c'est tout.
Il neige à gros flocons, et pourtant elle a chaud, et soudain, une impression d'étouffer. Elle s'arrête et reste immobile une dizaine de minutes. La stupeur se lit jusqu'au plus profond de ses yeux.
Chaque personne qui passe à côté d'elle la dévisage, comme si elle n'était qu'une vulgaire tache d'encre sur le drap blanc, encore immaculé, qui recouvrait à présent toute la ville.
L'envie de fuite qui lui tenaillait le cœur, elle l'a perdue. Aujourd'hui, elle visite le monde, elle marche au hasard de ses envies, serrant fort contre elle sa petite Elia, qui garde les yeux grands ouverts, comme pour graver dans sa mémoire tous les lieux où sa jeune mère pourra l'amener. Et elle sourit, elle s'émerveille. A chaque seconde qui passe un plus grand sourire vient se dessiner sur ses jolies joues rouges.

voiture à pédales

A force de nous spécialiser, nous devenons plus vulnérables, et c'est la mort.
La totalité des informations emmagasinées par une personne dans toute sa vie n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan.
Une fois que le doute est en vous, il ne vous quitte plus.
La mémoire ne peut être définie.
Mais elle définit l'humanité.
Ni la science ni la philosophie n'ont pu définir la vie.
Je suis une entité vivante et pensante issue de l'océan de l'information.
Ce qui vit doit mourir, c'est une loi éternelle.
Nous vivons dans un environnement dynamique.
Vouloir rester ce que tu es te limites.

[Mamoru Oshii - Ghost in the Shell]

vendredi 13 juin 2008

litres de larmes

Hier, assise à ses côtés, elle se laissait bercer par ses mots tendrement murmurés, elle lui offrait toujours son oreille, dans l'attente de quelque chose, un mot unique, exceptionnel, un mot inventé pour elle. Il allait l'inventer, il était capable de tout pour elle, Elia le savait. Ce mot, elle voulait qu'il parvienne jusqu'à elle, qu'il se love en elle, qu'il la réchauffe.
Lui la diluait par ses regards timides de celui-qui-ne-sait-pas, mais qui pourtant se doute. Elle aimait son regard gorgé d'émotion, mais la mort lui est venue de ces yeux là...

jeudi 5 juin 2008

acte manqué

Il pleut. Ça fait au moins une heure que tu marches. Tu es trempée, ça t'es égal. En vérité, tu te sens bien sous la pluie battante. Elle te parles, petite Elia, écoute-la. Ce qu'elle essaye de te dire, tu le sais. Tu l'as déjà entendu, mais aussitôt oublié.
Ne t'accroches pas trop aux rêves qu'on te raconte, ma belle étoile. Gardes toujours précieusement les tiens. Vis-les, portes-les, emmènes-les dans le moindre de tes voyages. Ils t'empêcheront de chuter, de te perdre, ou de te noyer.
Presque partout où tu te rendras, elle sera à tes côtés. Elle fera revivre tes pensées et tes souvenirs les plus beaux. Une caresse sur tes joues. Un frisson le long de tes vertèbres. Libre, comme toi.

oeil en deuil

La mort n'est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté. Je suis moi. Vous êtes vous. Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait. N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste. Continues à rire de ce qui nous faisait rire ensemble. Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi. Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre. La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé. Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ? Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.

[attribué à Charles Péguy d'après un texte de Saint-Augustin]

samedi 31 mai 2008

interiorité

Je me représente tous ces petits mômes qui jouent à je ne sais quoi dans le grand champs de seigle et tout. Des milliers de petits mômes et personne avec eux, je veux dire pas de grandes personnes - rien que moi. Et moi je suis planté au bord d'une saleté de falaise. Ce que j'ai à faire, c'est attraper les mômes s'ils s'approchent trop près du bord. Je veux dire, s'ils courent sans regarder où ils vont, moi je rapplique et je les attrape. C'est ce que je ferai toute la journée. Je serai juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça.

[J.D. Salinger - L'attrape-cœurs]

aucune chose

She should have died hereafter ;
There would have been time for such a word.
Tomorrow, and tomorrow, and tomorrow
Creeps in this petty pace from day to day
To the last syllable of recorded time ;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle !
Life's but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full sound and fury,
Signifying nothing.

[William Shakespear - Macbeth]

rebrousser chemin

- Toi, je t'aimerai toujours, dis-je.
Elle se retourne contre un mur, et elle dit seulement :
- Contente-toi de m'aimer tous les jours.
- C'est que, vois-tu, cette fois, je suis bel et bien occupé à mourir. Je sais, dit comme ça, à la première personne du singulier, c'est à n'y pas croire, et pourtant, à y bien réfléchir, c'est toujours à la première personne du singulier qu'on meurt pour de bon. Et c'est assez inacceptable, il faut bien le reconnaître.

[Daniel Pennac - La petite marchande de prose]

mourir vivant...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe,
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

[Victor Hugo - Demain, dès l'aube...]

déambulations

Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage

[Paul Eluard - A peine défigurée]

mercredi 21 mai 2008

jamais

rêverie, fabulation, illusion, désillusion, utopie, artifice, songe, cauchemar, phantasme, mirage, nostalgie, passé, oubli, effacement, extinction, prostration, mutisme, fin...
juste ces maux, pas de phrases, tout est loin, disparu...

lumière noire

Que tes souvenirs étaient tirés du vide.
Du néant.
Que la lumière, l'espoir, la vie étaient ici dans notre présent, avec nous.
J'ai tranché derrière toi avec une hache.
Je t'ai fait mal.
Mais toi, la première, en prononçant son nom, tu m'avais broyé le cœur.

[René Barjavel - La nuit des temps]

pleine de vide

le jour se lève et tu fuis
mon ciel devient sombre
la nuit m'enveloppe
sa fraîcheur me transperce
aussi amère que ton regard
ange, je te vois partir
plus belle par ton absence
que tu ne l'a été pour moi
douce comme à ta naissance
c'était hier...

mercredi 14 mai 2008

où pars-tu ?

Il est cruel d'être obligé de séjourner en un lieu où tout sur quoi tombe notre regard nous concerne et nous touche (...) mon âme était agitée, sur les choses de mon entourage je me formai mon propre jugement et je le façonnai sans aide étrangère.
Une de mes convictions était que la vérité ne peut sous aucune condition succomber sous la violence et la contrainte.

[Montaigne]

si elle...


Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste il aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?

[René Char - Allégeances]

vendredi 9 mai 2008

more than...

tu penses savoir qui tu es, qui tu seras dans 10 ans,
mais as-tu su rester fidèle à tes rêves de gosse ?
tu n'es devenu que l'ombre de ce que tu voulais être,
tu le sais ça, mais tu refuses de le voir, et le temps te rattrapera.
l'avenir tel que tu le voyais enfant, tu l'oublies peu à peu...

pour vivre heureux, vivons perchés

Far far, there's this little girl, she was praying for something to happen to her, everyday she writes words and more words, just to speak out the thoughts that keep floating inside.
And she's strong when the dreams come cos' they take her, cover her, they are all over the reality looks far now, but don't go.
How can you stay outside ? There's a beautiful mess inside
How can you stay outside ? There's a beautiful mess inside
Far far, there's this little girl, she was praying for something good to happen to her, from time to time there're colors and shapes, dazeling her eyes, tickeling her hands
They invent her a new world with oil skies and aquarel rivers, but don't you run away already, please don't go.
Far far there's this little girl, she was praying for something big to happen to her, every night she ears beautiful strange music.
It's everywhere there's nowhere to hide, but if it fades she begs
"Oh lord don't take it from me, don't take it yourselves"
I guess I'll have to give it birth, to give it birth
I guess I'll have to give it birth, to give it birth
I guess I have to, have to give it birth, there's a beautiful mess inside and it's everywhere
So shake it yourself now deep inside, deeper than you ever dared.

[Yael Naim - Far far]

mercredi 7 mai 2008

mains tenant

debout sur un pied,
je n'ai plus la tête vissée sur mes épaules,
elle est ailleurs...
je veux me coucher sur une pierre et y rester,
les mains salies par la peinture,
une cigarette en bouche,
l'écoulement de la rivière qui me berce,
toujours plein de rêves accrochés à l'âme,
mon cœur me conduit loin,
là où les larmes ne sont plus...

mercredi 23 avril 2008

ballade bancale

Je suis navré mais je me suis perdu, seul, dans ton sourire.
Les yeux mi-clos au temps suspendu, j'attends l'averse.
Un dernier verre de rhum pour une peine perdue,
Une dame de cœur, une compagnie de luxe,
Pour un rêveur alcoolique, ton as de pique.
J'ai abattu toutes mes cartes, belote et rebelote,
Las au comptoir, je t'ai attendue,
Seul, dans mon ivresse, j'ai attendu des verres,
Fait basculer des heures, là, au temps suspendu.
J'y ai tricoté des vestes, j'y ai fait valser des pestes,
Et leurs sous-entendus... bien entendu.
Etais-tu brune, blonde ou rousse, le patron s'en souvient sûrement.
Le cœur en crève, au temps suspendu, je... t'attendrai.
Je suis navré mais je me suis pendu, seul, à ton silence,
Les yeux fermés, au temps suspendu, j'attends l'averse.

[Les Hurlements d'Léo - Au temps suspendu]

mercredi 16 avril 2008

ennui

In my mind
And nailed into my heels
All the time
Killing what I feel
And

Everything I touch
All wrapped up in crinoline
All wrapped up in sugar-coated
Turns to stone

I am fused
Just in case I blow out
I am glued
Just in case I crack out
Everything I touch
Turns to stone

[Radiohead - Blow out]

mardi 15 avril 2008

dit à peau

Allongée dans l'herbe fraîche
Le casque sur les oreilles
De la musique plein la tête
Coupée du monde
Seule dans sa bulle sonore
Face à elle-même et aux vibrations galopantes
Comme en plein rêve...
Désir d'infini
Espoir de liberté
Vivre dans un univers moins sombre
Face à une porte close, trois choix
Contourner, prendre le risque de visiter l'inconnu,
Enfoncer la porte, se blesser, mais traverser quand même
Ou attendre que quelqu'un passe et ouvre...

il était une fois

I'm gonna tell you what you need to hear
And I'm a little too late
By three or four years
And it may not make much sense
Now that we are apart
But I'm going to stop pretending
That I didn't break your heart
You see I never thought enough of myself
To realize that losing me could mean
Something like the tears in your eyes
And I want to tell you I'm sorry
And it's too late to start
But I'm going to stop pretending
That i didn't break your heart
And it's Christmas eve
Years down the line
Sitting here wishing I'd treated you better
When you were mine
And I have no way of knowing where you are
But I'm going to stop pretending
That I didn't break your heart
I didn't mean to hurt you
I didn't know what I was doing
But I know what I have done

[Eels - I'm going to stop pretending that I didn't break your heart]

vendredi 11 avril 2008

fuite en avant

D'où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? On dirait que l'air, l'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. Je m'éveille plein de gaieté, avec des envies de chanter dans la gorge. - Pourquoi ? - Je descends le long de l'eau ; et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé, comme si quelque malheur m'attendait chez moi. - Pourquoi ? - Est-ce un frisson de froid qui, frôlant ma peau, a ébranlé mes nerfs et assombri mon âme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublé ma pensée ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frôlons sans le connaître, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idées, sur notre cœur lui-même, des effets rapides, surprenants et inexplicables.

[Guy de Maupassant - Le Horla]

mercredi 9 avril 2008

tache d'encre

All I need is a little time,
To get behind this sun and cast my weight,
All I need is a peace of this mind,
Then I can celebrate.
All in all there's something to give,
All in all there's something to do,
All in all there's something to live,
With you...
All I need is a place to find,
And there I'll celebrate.
To get behind this sun and cast the weight of mine,
All I need is a little sign,
All in all there's something to give,
All in all there's something to do,
All in all there's something to live,
With you...

[Air - All I need]

debout

How does it feel like, to wake up in the sun.
How does it feel like, to shine on everybody
How does it feel like, to let forever be
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy
How does it feel like, to sail in the breeze
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy
How does it feel like, to make it happening
How does it feel like, to breathe ith everybody
How does it feel like, to let forever be
How does it feel like, to spend a little lifetime sitting in the gutter
Scream out sympathy

[The Chemical Brothers - Let forever be]

lundi 7 avril 2008

l'infamille

dis ma bulle, tu crois qu'un jour je pourrai faire une croix sur le passé qui a rendu mon cœur muet ? tu crois qu'il faudra que quelqu'un me réapprenne à aimer ? tu le feras toi ? tu saurais m'amener dans le fossé où j'ai égaré ma sensibilité pour que je la réintègre en moi ? tu saurais rayer de mon esprit l'aigreur suscitée par les promesses non tenues et les abandons mal digérés ? tu saurais me donner des jambes plus solides pour progresser au-delà de tous les souvenirs saumâtres ? tant que tu me tiens par la main je suis sûre que je veux avancer, que je peux aller très loin sans défaillir... dis-moi ma bulle, te sens-tu capable de me garder auprès de toi les jours sombres et moins sombres, et me donner amour et confiance ?

jeudi 3 avril 2008

être ange

Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait de toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. Le gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.

[Albert Camus - L'étranger]

dimanche 30 mars 2008

du proche au (très) lointain

Ne me quitte pas, il faut oublier
Tout peut s'oublier, qui s'enfuit déjà
Oublier le temps des malentendus
Et le temps perdu à savoir comment
Oublier ces heures qui tuaient parfois
A coup de pourquoi, le cœur du bonheur
Ne me quitte pas, ne me quitte pas
, ne me quitte pas.
Moi je t'offrirai des perles de pluie
Venues de pays où il ne pleut pas
Je creuserai la terre jusqu'après ma mort
Pour couvrir ton corps d'or et de lumière
Je ferai un domaine où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi, où tu seras reine
Ne me quitte pas, ne me quitte pas
, ne me quitte pas.
Ne me quitte pas, je t'inventerai
Des mots insensés, que tu comprendras
Je te parlerai de ces amants-là
Qui ont vu deux fois leurs cœurs s'embraser
Je te raconterai l'histoire de ce roi
Mort de n'avoir pas pu te rencontrer
Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas.
On a vu souvent rejaillir le feu
D'un ancien volcan, qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il des terres brûlées
Donnant plus de blé qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir, pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir ne s'épouse-t-il pas

Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas.
Ne me quitte pas, je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler, je me cacherai là
A te regarder danser et sourire
Et à t'écouter chanter et puis rire
Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main, l'ombre de ton chien
Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas.

[Jacques Brel - Ne me quitte pas]

samedi 29 mars 2008

faux t'oeil

Dans le village où je suis née, il y a eu des bombes. C'était il y a longtemps, mais les rues en ont gardé des cicatrices. Les maisons sont toutes sorties de terre en même temps, il y a moins d'un siècle, des autres habitants y sont venus et lui ont redonné un visage nouveau... Mais quelques vieilles pierres sont encore là, et ma grand-mère est revenue et m'a transmis l'amour de ce lieu magique. Et toujours quand j'aurai mal à l'âme, j'irai là-bas, jeter mes larmes au vent, et je sais que je repartirai avec une plume au cœur...

léviathan social

Encore une longue journée traversée par une foule maussade d'ombres anonymes, des silhouettes incertaines et tremblantes, qui déambulent sans vraiment connaître leur but réel, juste par habitude, juste parce qu'on leur a un jour dit que tel serait leur chemin, et que telle serait leur vie. Dans les rues, ils sont semblables à des poupées de cire, fragiles, manquant de se briser au moindre contact. Mais le soir venu, ils rentrent dans leurs prisons dorées, et là, un sentiment d'invulnérabilité les happe. Ils vont se coucher l'esprit léger, tout en sachant que demain la même danse recommencera...

recettes

Je vis un autre ange puissant, qui descendait du ciel, enveloppé d'une nuée ; au-dessus de sa tête était l'arc-en-ciel, et son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu. Il tenait dans sa main un petit livre ouvert. Il posa son pied droit sur la mer, et son pied gauche sur la terre ; et il cria d'une voix forte, comme rugit un lion. Quand il cria, les sept tonnerres firent entendre leurs voix.

[Apocalypse de Jean - chapitre 10]

mot-rose

The wind blows rain into my face
The sun glows at the end of the highway
Child of the moon, rub your rainy eyes
Oh, child of the moon
Give me a wide-awake crescent-shaped smile
She shivers, by the light she is hidden
She flickers like a lamp lady vision
Child of the moon, rub your rainy eyes
Oh, child of the moon
Give me a wide-awake crescent-shaped smile
The first car on the foggy road riding
The last star for my lady is pinning
Oh, child of the moon, bid the sun arise
Oh, child of the moon
Give me a misty day, pearly gray, silver, silky faced,
Wide-awake crescent-shaped smile

[The Rolling Stones - Child of the moon]

à fleur de pot

il n'y a rien de plus beau qu'un égo meurtri qui se reflète sur le doux visage d'un ange
il n'y a rien de plus triste qu'une perfection qui s'est égarée dans la douce confusion de la brume matinale
il n'y a rien de plus émouvant que le regard pétillant d'un enfant qui découvre un nid de printemps au creux de l'arbre
il n'y a rien de plus douloureux que l'amertume émanant du sourire de l'homme qui à jamais disparaît

lundi 24 mars 2008

creuser mon trou

Yesterday, all my troubles seemed so far away
Now it looks as though they're here to stay,
Oh, I believe in yesterday.
Suddenly, I'm not half the man I used to be,
There's a shadow hanging over me,
Oh, yesterday came suddenly.
Why she had to go ?
I don't know, she wouldn't say,
I said something wrong
Now I long for yesterday.
Yesterday, love was such an easy game to play,
Now I need an easy game to play
Oh, I believe in yesterday.

[The Beatles - Yesterday]

mercredi 19 mars 2008

raccourci

Tu traverses la vie à toute vitesse, comme si tu voulais en voir le bout avant tes 20 ans... Mais à courir ainsi, tu passes à côté de l'essentiel, tu le sais ça ? Et plus tu iras vite, plus tu auras de chances de trébucher...

lundi 17 mars 2008

pravda

te prendre par la main et te garder à mes côtés une journée entière, ton regard de petite fée aux cheveux couleur charbon perdu vers l'avant
nous deux, nos pieds nus ancrés au sol, anonymes parmi toutes les autres paires de chaussures
mais l'esprit bien plus haut perché, à plusieurs kilomètres au-dessus des passants moroses
tu me poserais des questions sur la vie, et je te raconterais des réponses dictées par mes rêves
je te dirais que si nos pieds n'étaient pas aveugles, ils nous emmèneraient certainement ailleurs, que c'est la Terre en tournant qui fabrique le vent, que si l'on a inventé les larmes, c'est uniquement pour donner plus de force aux éclats de rire...